jeudi 6 octobre 2011

Le journalisme politique : entre pressions et stratégies

Lorsqu'un journaliste est amené à interviewer un homme politique, il ne s'agit souvent pas d'un exercice comme les autres. Un journaliste politique doit adopter une attitude spécifique lorsque son investigation touche au politique de près comme de loin. Sans tomber dans le copinage, qui serait un gage de manipulation ou de corruption, néfaste à la profession, le journaliste se doit d'établir dans la mesure du possible, une relation de confiance propice à la confidence de l'homme politique. 
Au nom de la liberté de la presse, le journaliste de Médiapart, Edwy Plenel, analyse dans son manifeste, Combat pour une presse libre, les relations délicates qu'entretiennent les hommes politiques et les journalistes. « L'indépendance, la transparence et le pluralisme journalistique » seraient selon Edwy Plenel, les trois piliers essentiels d'un journalisme libre et en bonne santé. Il en va donc de la liberté de l'information, souvent bafouée par des hommes politiques, qui excercent des pressions de tout ordre sur les médias. La demande de relecture d'un papier pour s'assurer que le journaliste a retranscrit à l'identique des propos sensibles, la volonté d'utiliser le « off » à outrance pour ne pas être mis en cause dans quelconque affaire ou encore la menace fréquente de porter devant la justice la prise de position critique d'un journaliste, sont autant de méthodes usées par les hommes de pouvoir, dont les journalistes doivent se méfier. 
Tout le monde a en mémoire, l'affaire des écoutes de l'Elysée à la fin des années 1980 au cours de laquelle, plusieurs journalistes avaient été placés sur écoute par les collaborateurs du président de la République François Mittérand. C'est le cas d'Edwy Plenel, qui s'en explique dans un ouvrage sorti en 1997, Les mots volés et qui fait suite à la publication polémique en 1996 des journalistes Jean-Marie Pontaut et Jérôme Dupuis, Les oreilles du président. Farouche opposant au sarkozysme, Edwy Plenel, fondateur de Médiapart et ex-journaliste du Monde s'insurge dans son dernier écrit intitulé Le Président de trop, que la France n'ait pas d'équivalent du Freedom of Information Act (1967) des Etats-Unis, « donnant aux citoyens un large accès aux documents étatiques ». 
Comme quoi, il reste des efforts à faire en France pour que le monde politique et les journalistes travaillent en commun plutôt que de se tirer dans les pattes. Si la récente rumeur d'espionnage de la journaliste Valérie Trierweiler, actuelle compagne de François Hollande par la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris est confirmée, ce serait sans doute la goutte qui ferait déborder le vase et le nouvel exemple du renforcement d'un malaise regrettable entre deux mondes finalement très cloisonnés.

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