jeudi 1 décembre 2011

Guillon : "Deux quinquennats de Nicolas Sarkozy c'est très très possible"

Après un show de trente minutes au Forum Libération de Lyon (les 25, 26 et 27 novembre derniers), l'humoriste Stéphane Guillon se confie sur la présidentielle et n'hésite pas à tacler Nicolas Sarkozy. Une interview exclusive à retrouver sur le site de Libération.

Stéphane Guillon espère un changement de politique pour le prochain quinquennat et affiche son soutien au candidat socialiste François Hollande (Photo Leïla Piazza)

Pierre-Alain Muet : « Les questions d'actualité sont toujours vives, mais les insultes sont rares »

Retour sur un incident. Le mardi 8 novembre, lors de la séance des questions au gouvernement, Pierre-Alain Muet, député PS du Rhône, interpelle la ministre du Budget, Valérie Pécresse sur le plan d'austérité annoncé la veille par François Fillon. Dans sa réponse, François Baroin, le ministre de l'Economie, accuse la gauche d'être «entrée par effraction» au gouvernement en 1997. Bronca dans les rangs socialistes. Suspension de séance. Pierre-Alain Muet s'explique sur ce curieux jeu de rôle opposant chaque semaine (1), députés et ministres. Interview.

Dans quel contexte s'est déroulé cet incident ?
Nous étions depuis la fin du mois d'octobre en plein débat budgétaire. Nous avons débattu jour et nuit et je pense que François Baroin était très fatigué. Il est très rare qu'un ministre emploie un terme aussi choquant à l'Assemblée, c'est un véritable dérapage. Les questions d'actualité sont toujours vives, mais les insultes sont rares. Ma question était destinée à Valérie Pécresse, mais c'est le ministre de l'économie qui a pris la parole parce qu'il a l'habitude de débattre avec moi. Il s'est emporté, suite à mon intervention critique de la politique de rigueur peu courageuse portée par François Fillon.

La bronca qui s'en est suivie sur les bancs socialistes a entraîné une suspension de séance. Le PS a-t-il eu raison de la provoquer ?
Oui, car aucun député ne siège à l'Assemblée par effraction mais par la volonté des citoyens. Accuser la gauche d'être entrée de la sorte au gouvernement en 1997 est profondément choquant. L'explosion de mes collègues socialistes a été immédiate et tout-à-fait compréhensible. L’atmosphère était déjà très tendue puisqu’après chaque phrase de mon intervention, la gauche applaudissait et l'UMP s'emportait, mais dès lors que François Baroin a prononcé ces termes inacceptables, les députés socialistes ont décidé de quitter l'hémicycle.
De telles guéguerres comme on le voit souvent à l'Assemblée ne décrédibilisent-elles pas la politique aux yeux des Français ?
Dans tous les pays démocratiques les questions d’actualité au gouvernement sont toujours très animées. Mais les questions d'actualité ne reflètent pas la diversité du débat parlementaire. Les débats sur les projets de Loi sont la plupart du temps l’occasion d’échanges approfondis et beaucoup plus sereins.

Vous prenez fréquemment la parole à l'Assemblée, est-ce un exercice que vous affectionnez ?
Clairement, oui ! Chaque fois qu'il faut répondre en matière économique à un ministre au nom du groupe socialiste, on fait appel à moi. J'en suis à près de 2000 interventions toutes prises de parole confondues. En général, Jean-Marc Ayrault (président du PS à l'Assemblée NDLR) ou un autre député pose la première question au gouvernement, un ministre répond et ensuite j'interviens. En résumé, je m'ajuste au débat. L'exercice est très spécial. Nous avons un temps limité pour parler, pas plus de deux minutes, il nous faut donc être très incisifs et déterminés en employant des phrases courtes et percutantes. Il ne faut pas trop lire ses notes et faire avec les applaudissements ou les huées. C'est une ambiance forte qui me motive, j'aime vraiment ça.

On dit que les ministres ont connaissance à l'avance des questions posées par les députés. Le débat n'est-il alors pas un peu faussé ?
Non, je ne crois pas. Il est vrai que les ministres connaissent les questions des députés de leur majorité et parfois les sollicitent. Ils ont l'habitude également de téléphoner en amont à l'opposition pour connaître le sujet des questions. En ce qui me concerne, le gouvernement est tellement habitué à ce que je j’ajuste ma question au débat en cours sur l’actualité économique que maintenant je ne suis plus contacté. Par contre, ce qui peut inquiéter un ministre, c'est de devoir répondre à à une question d’un député très pointue sur un sujet très local.
Vous êtes à nouveau candidat lors des prochaines législatives et prônez le non-cumul des mandats. Si François Hollande est élu à la présidence de la République en 2012 et vous propose une responsabilité ministérielle, seriez-vous prêt à laisser de côté votre mandat de député ?
On ne laisse pas le mandat de coté, car c’est une autre façon de l’exercer, puisqu’il est assez naturel que les ministres soient choisis parmi les parlementaires. En outre un ministre qui quitte ses fonctions redevient parlementaire. Et si passer au banc du gouvernement change la fonction nationale du député, cela ne change pas sa relation avec sa circonscription. Car le mandat de député est double, c’est un mandat national et en même temps une fonction locale qui nous rapproche des citoyens. On porte des idées à l'Assemblée, mais on garde les pieds sur terre grâce au contact permanent avec la circonscription. Mais la question est prématurée, et ma priorité c’est de contribuer à faire gagner François Hollande, notamment en travaillant dans le pôle de Michel Sapin sur le programme de notre candidat.

(1) L’Assemblée consacre deux séances par semaine à ces questions, le mardi et le mercredi après-midi, de 15 heures à 16 heures. Avant chaque séance et au plus tard à 14 heures, les groupes font parvenir à la Présidence le nom du ou des auteurs de leurs questions et des ministres auxquels ces questions sont posées. Le thème des questions n’a pas à être communiqué.
* Cette interview est également disponible sur le site de LibéLyon
Ambiance des grands jours durant la séance de questions au gouvernement (DR)

jeudi 17 novembre 2011

François Hollande n'est pas mou, il est Mox

Les interventions par média interposé de François Hollande et de Cécile Duflot aux 20 heures de TF1 et France 2, mercredi soir, ne semblent pas avoir clarifié la situation. Moins de deux jours après la signature non sans mal d'un accord entre le Parti socialiste et Europe Ecologie Les Verts, la cacophonie se poursuit entre les deux partis.

Cécile Duflot sur France 2 et François Hollande sur TF1 ont exprimé leurs désaccords


Areva, fleuron de l’industrie nucléaire française, aurait demandé au PS de retirer de l'accord, le paragraphe prévoyant l'arrêt de l'utilisation du combustible Mox (mélange d'oxydes) dans l'activité nucléaire du pays. Sur fond de lobbying actif de l'industriel, le bureau national du PS aurait aussitôt supprimé cet alinéa du texte adopté. Le quotidien, Le Monde a même fait savoir, que François Hollande aurait pris la peine de téléphoner à Cécile Duflot pour la mettre sur le fait accompli...

Le nucléaire : "Je t'aime moi non plus"

En quelques heures, le consensus entre socialistes et écologistes validé mardi par Martine Aubry rue de Solférino aura donc volé en éclats. 
Hier sur les plateaux des JT, le candidat socialiste à la présidentielle de 2012 et la secrétaire nationale d'EE-LV ont essayé de faire preuve de courtoisie mutuelle pour ne pas accroître la scission, mais les désaccords étaient nombreux : "Je suis pour pour qu'il y ait encore du retraitement du combustible, il le faut pendant le temps nécessaire" a déclaré François Hollande. "Nous engagerons à emploi constant de la filière du retraitement. Voilà ce sue nous avons acté ensemble et cela n'a été remis en cause par personne" a riposté Cécile Duflot.

François Hollande, petits bras ?

Mais ce qui fait surtout désordre dans cette affaire, c'est que le PS cède aussi facilement à la pression d'Areva. Fraîchement nommé porte-parole de la campagne de François Hollande, le député-maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve aurait précisé avoir été alerté par la direction des affaires publiques de l'entreprise sur "les conséquences économiques, sociales, industrielles, environnementales très graves, qui conduiraient à la disparition du leadership de la France dans le nucléaire civil."
François Hollande aurait-il subi des pressions de la filière nucléaire ? Une chose est certaine, les relations entre les Verts et les socialistes n'étaient déjà pas au beau fixe, mais avec ce coup d'éclats, l'entente en vue des prochaines échéances électorales s'annonce plus que tendue.

Le co-président du groupe des Verts au Parlement européen s'est empressé de fustiger la décision de François Hollande ce matin sur RMC : "Il suffit d'un coup de téléphone d'Areva pour que le grand PS, avec sa tradition et son histoire, se mette au garde à vous". Jean-Vincent Placé, sénateur écologiste de l'Essonne, n'a pas été non plus très tendre avec le candidat socialiste : "Je ne sais pas comment Hollande peut prétendre diriger la France" a-t-il déclaré.
La candidate écologiste à la présidentielle, Eva Joly, qui a refusé l'invitation de France 2 à participer ce soir à l’émission "Des paroles et des actes", a de son côté qualifié Areva, "d'amant dans le placard du PS."

La droite se frotte les mains

Des divisions font chavirer de bonheur le camp UMP. Qualifiant de "folie" l'accord prévoyant notamment la réduction de la part de nucléaire dans la production électrique de 75% à 50% en 2025, Jean-François Copé n'a pas hésité à en remettre une couche : "l'idée de développement durable portée par la gauche est morte hier soir en direct à la télévision" et d'ajouter : "Elle a été sacrifiée sur l'autel des marchandages dignes de la IVe république."
En cas de victoire de la gauche à l'élection présidentielle de 2012, le PS et les Verts prévoient en effet à partir de cet accord une coalition des deux formations politiques à l'Assemblée nationale. Une union portant tout de même sur près de 60 circonscriptions, qui réserverait aux écologistes entre 25 et 30 députés si François Hollande est élu Président de la république. Le chemin est encore long...