mardi 11 octobre 2011

Interview. Les enseignants sont dans la rue. Claude est professeur d'histoire-géographie au lycée Pablo Neruda de Saint-Martin-d'Hères, en Isère. A l'approche de la retraite, l'enseignant s'inquiète des prochaines suppressions de postes, symboles du malaise actuel de l'éducation nationale.

« On attaque l'os de l'enseignement »



Vous avez décidé de descendre dans la rue à l'appel des syndicats, quelles sont vos principales revendications ?

En tant qu'enseignant, je ne peux pas accepter d'être une nouvelle fois menacé par la perte de mon emploi. Chaque année, le gouvernement annonce la suppression massive de postes dans l'éducation nationale. Pour l'année 2012, on nous annonce encore la supression de 14 000 postes d'enseignants. Où allons-nous ? Le gouvernement prône l'individualisme et veut nous monter les uns contres les autres, on ne pas accepter ça.

Justement que comptez-vous faire pour vous faire entendre ?

Nous manifestons pour nous faire entendre et montrer que l'on est pas d'accord. On est en train de s'attaquer à l'os même de l'enseignement. On supprime des postes, les classes sont composées de 35 à 40 élèves parfois, comment voulez-vous que l'on fasse cours dans ces conditions ? C'est allucinant, je pense que descendre dans la rue est le meilleur moyen de faire réagir les pouvoirs publics. S'ils ne nous entendent pas, nous organiseront de nouvelles journées de mobilisation, et franchement, le gouvernement ferait mieux d'écouter le corps enseignant parce que la présidentielle approche à grands pas, et nous sommes bien décidés à faire bouger les choses grâce au bulletin de vote.

Si la gauche prend le pouvoir en 2012, pensez-vous vraiment que cela changera les choses ?

Certainement ! De toute façon, ça ne peut pas être pire ! Si un gouvernement de gauche se met en place, je pense que la casse du service public cessera et l'éducation nationale ou même l'enseignement privé retrouveront des couleurs. Il est inadmissible que l'on supprime les IUFM. Les professeurs doivent apprendre le métier avec une formation solide, comme j'ai pu le faire à mes débuts. On assiste à une véritable liquidation de la formation des enseignants, ce qui est regrettable. Apprendre sur le tas est impossible, enseigner est un métier à part entière.

Pensez-vous qu'il faudrait totalement réformer l'enseignement en France ?

C'est évident. L'histoire-géographie est une matière que j'enseigne depuis plus de 30 ans et je peux vous dire que depuis que je suis en poste, la situation n'a fait que se dégrader. Dans ma filière, il y a eu deux phases : celle des années 1980 à 2000, période durant laquelle le programme était vaste et extrèmement intéressant pour les élèves et aujourd'hui, où le programme d'histoire s'arrête pour les sections scientifiques à 1962. C'est tout simplement honteux parce qu'on survole complétement l'histoire contemporaine avec ce type de programme qui frôle le ridicule. Je pense qu'il faut réformer beaucoup de choses, notamment les programmes à destination des élèves et surtout essayer de professionnaliser l'éducation par des stages obligatoires pour tous les élèves. Le professionnel n'est pas une voie de garage, loin de là. Les parents doivent aussi murir sur ce plan. Les politiques leur ont vendu depuis toujours le BAC généraliste, comme seul et unique voie d'apprentissage, mais la filière professionnelle est très riche et propose des débouchés multiples.

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